Eté 1984. Holly Sykes, une adolescente anglaise en fugue, rencontre une étrange vieille femme qui lui demande asile - et accepte sans comprendre à quoi elle s'engage. A compter de ce jour, elle est témoin d'événements violents et inexplicables dont elle ne se souvient pas toujours, et sujette à des flashs de précognition qui ressemblent à des crises d'épilepsie. Malgré elle, Holly est devenue un pion d'une importance capitale dans la guerre que se livrent, en marge de la société humaine, les Horologistes et les Anchorites: deux groupes de quasi-immortels aux origines et aux objectifs opposés...
Difficile de parler de ce roman foisonnant sans gâcher les nombreuses surprises qu'il recèle. "The bone clocks" se compose de six sections qui se focalisent chacune sur un narrateur différent à une époque différente. Après Holly Sykes - le fil rouge de toute l'histoire - en 1984, nous suivons Hugo Lamb, étudiant dénué de conscience qui sera brièvement son amant, en 1991, puis Ed Brubeck, reporter de guerre accro à l'adrénaline avec qui elle a eu une petite fille, en 2004, puis Crispin Hershey, écrivain arrogant et lâche qui deviendra pourtant son ami, entre 2015 et 2020, puis le Dr Iris Fenby qui l'a déjà soignée à deux reprises et sous deux identités différentes, en 2025 alors que se prépare l'affrontement final entre Horologistes et Anchorites, et de nouveau Holly Sykes en 2043, dans un monde ravagé par la pénurie de ressources naturelles et les accidents nucléaires.
Côté positif, David Mitchell sait donner une voix bien personnelle à chacun de ses narrateurs (parfois, on a même l'impression qu'il se livre à un exercice de style dans le but d'épater le lecteur en lui prouvant l'ampleur de son registre d'écriture). Malgré un clivage un peu caricatural et somme toute discutable, ses deux factions d'immortels sont très intéressantes chacune à sa façon. Et tout au long des presque 600 pages de son roman, j'ai été impatiente de découvrir la suite de l'histoire. Côté négatif, il passe beaucoup trop de temps sur des choses sans intérêt pour l'intrigue principale (la partie d'Ed, par exemple, ne sert strictement à rien...) au détriment de celui qu'il aurait pu consacrer à développer les antécédents, la personnalité et les pouvoirs des Horologistes. Et surtout, sa fin est d'une noirceur absolue, complètement désespérante et tellement en phase avec mes angoisses que sitôt le livre refermé, j'ai été prise d'une violente envie de le jeter par terre pour le piétiner sauvagement. Au final, j'ai trouvé "The bone clocks" passionnant malgré ses défauts, mais si j'étais l'éditrice de David Mitchell, je vous garantis qu'il aurait subi de sérieux remaniements avant publication!
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