jeudi 17 janvier 2013

"Le jeu de l'ange"


Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l'offre inespérée d'un mystérieux éditeur: écrire un livre comme il n'en a jamais existé, "une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer ou d'être tués", en échange d'une fortune et, peut-être, de beaucoup plus. Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu'il aime le plus au monde. En monnayant son talent d'écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable?

Quand on a adoré le premier livre d'un auteur, on est forcément très exigeant envers le suivant. On voudrait qu'il contienne toutes les choses qui nous ont plu dans le premier, mais sans raconter pour autant la même histoire. Dans ces conditions, difficile pour l'écrivain de ne pas décevoir. Pourtant, en ce qui me concerne, Carlos Ruiz Zafòn y réussit brillamment dans "Le jeu de l'ange". Cette fausse suite de "L'ombre du vent" se déroule également dans une Barcelone gothique et inquiétante à souhait - bien qu'une génération plus tôt. On y retrouve des éléments-clés tels que les destins-miroirs de deux personnages, l'un présent et l'autre passé; un livre "maudit" contenant une partie de l'âme de son auteur; une histoire d'amour contrariée et tragique; et même certains lieux emblématiques, comme le Cimetière des livres oubliés ou la librairie Sempere. 

Et malgré cela, "Le jeu de l'ange" n'est nullement une pâle redite de "L'ombre du vent". Il possède sa propre atmosphère, qui penche bien davantage vers le fantastique, et sa propre noirceur ici moins incarnée par des forces extérieures que par la nature même du héros. David Martìn est un être égocentrique et tourmenté qui inspire l'agacement au moins autant que la compassion. L'auteur a eu l'excellente idée de lui offrir un contrepoids en la personne de sa secrétaire Isabella, jeune femme volontaire à la langue bien pendue. Leurs échanges verbaux, souvent hilarants de sarcasme, viennent mettre un peu de lumière dans un roman par ailleurs extrêmement sombre. Quant à l'histoire... même si je l'ai parfois trouvée confuse, surtout vers la fin, elle a réussi à me tenir en haleine pendant plus de 660 pages. Et la traduction de François Maspero est franchement excellente (meilleure que la version originale, me suis-je même laissé dire). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire