
Dans les mangas de Jiro Taniguchi, la forme comme le fond sont caractérisées par leur pureté et leur délicatesse: d'un côté, un trait sans fioritures mais puissamment évocateur, très travaillé sous son apparente simplicité; de l'autre, des personnages qui savent goûter les petits plaisirs de la vie avec une certaine forme d'innocence et beaucoup d'abandon. Ce don pour résumer toute une atmosphère dans une simple case, pour évoquer en un seul dessin toute la palette des cinq sens, fait de chaque chapitre du "Gourmet solitaire" et de "L'homme qui marche" une oeuvre en soi - courte mais suffisamment riche pour que l'on en sorte repu.

J'ai trouvé en revanche que la magie de l'auteur fonctionnait moins bien sur un format long censé raconter une véritable histoire façon roman graphique. Par exemple, "Quartier lointain", bien qu'unaniment encensé par la critique, ne m'a guère emballée. Oui, l'atmosphère du Japon y était comme toujours merveilleusement bien retranscrite, mais la très grande lenteur de l'action et l'intériorisation des sentiments finissaient par rendre sa lecture quelque peu ennuyeuse. Ce qui ne m'empêchera pas de continuer à explorer l'oeuvre de Taniguchi. Prochain sur ma liste, "L'orme du Caucase".